Pourquoi j'ai choisi de partir en volontariat européen après avoir travaillé? S02E03

Saison 2 - Episode 3 | Angélique est volontaire en Estonie dans un centre de jeunesse depuis le 2 septembre 2019. Elle nous raconte pourquoi avoir choisi de partir en volontariat européen après une première expérience profesionnelle et ce que cela lui apporte. Dans la saison 1, elle nous racontait ce qui l'avait amenée à partir. Dans cette deuxième saison, elle nous raconte ce que son volontariat en Estonie lui apporte. Voici le troisième épisode.

Pourquoi 0203 JAI CHOISI DE Partir en volontariat après avoir Travaillé S02E03

Saison 2 - Episode 3 : Il n'y a pas d'âge pour apprendre

Ce volontariat m’a d’abord appris personnellement. Pour les personnes qui pensent que partir quand on est plus âgés permet moins d’apprendre, je dirais que comme apprendre est un processus de vie, continu et divers selon les moments, vous aurez forcément des choses à apprendre d’une telle expérience.

Se re-découvrir, plus facilement

D’abord, concernant ma personnalité et mes besoins. Quand on vit dans le même pays pendant des années, avec un cercle de proches constants (même si bien entendu on rencontre diverses nouvelles personnes régulièrement), on a tendance à ancrer certains comportements et ne pas forcément oser changer de façon d’être ou d’agir, de peur d’être jugée ou imcomprise. C’était mon cas, j’avais déjà amorcé des changements en ne retournant pas travailler pour l’éducation nationale, en sortant de ma vie des personnes avec lesquelles mes relations ne nous tiraient pas vers le haut mais ce volontariat m’a aidée à aller encore plus loin. Personne ne me connaissant ici, j’ai pu expérimenter plus ce qu’être moi même voulait dire. Pas que j’étais fausse avant car je suis une personne très franche, entière, mais j’ai souvent renié mes besoins pour prendre soin des autres. Ici, j’ai certes pris soin des autres, mais je me suis autorisée à plus être moi.

Ce qui a été facilité en partie par la culture estonienne. Ici, les gens respectent ton espace personnel, que chacun possède et cultive abondamment. Tu peux donc te permettre de ne pas parler par exemple ou d’avoir de l’espace physique autour de toi, sans que quelqu’un se sente rejeté. Plus de justifications de pourquoi tu vas quelque part ou autre. Il y a des échanges sur ce que tu fais mais seulement si tu en as envie, c’est beaucoup moins intrusif. Ce qui s’est traduit par le fait de respecter mes besoins de solitude. Aussi, je me suis rendue compte que les gros groupes me mettent mal à l’aise ; il y a toujours cette notion de bruit trop important mais aussi de superficialité des rencontres. Plus on est et moins on rentre dans des discussions profondes, ce dont j’ai besoin. Je n’apprécie que rarement les plus grands groupes et cela doit être de façon festive, et encore les diverses énergies et émotions présentes peuvent me mettre mal à l’aise si elles sont trop diversifiées. Durant les moments de gros rassemblements, je me suis donc autorisée à avoir des moments de repos seule pour me ressourcer. Je me suis aussi autorisée à ne pas participer à des choses qui ne me convenaient pas. En ce qui concerne les voyages, j’ai découvert le plaisir du voyager en dortoir, où j’ai pu allier moments de découvertes solitaires des villes, repos et rencontres merveilleuses avec des personnes de divers pays. Je me suis aussi autorisée à mettre des limites avec les autres, lorsque quelque chose ne me convenait pas.

J’ai aussi appris à plus rire de moi-même. Les Estoniens sont très sarcastiques et j’ai adopté cela assez facilement et y compris pour moi-même. Cela permet de se sentir moins mal à l’aise avec ses difficultés, de les dépasser en quelque sorte. Bon, je n’arrive pas encore à rire de tout ce qui me dérange chez moi, mais c’est une bonne première approche pour prendre du recul En résumé, j’ai poursuivi un travail de connaissance de moi et d’acceptation de moi, que j’espère pouvoir continuer même après mon retour en France.

Découvrir la vie à la campagne

J’ai découvert la vie à la campagne, donc plus isolée, mais aussi plus communautaire et solidaire. J’ai redécouvert un contact avec la nature perdu jusqu’alors. En France, je ne vivais avec la nature que parfois lors de balades en parc ou lors de voyages mais j’ai l’impression ici de l’avoir retrouvée différemment, pleinement : à travers de longues balades solitaires en forêt, au bord du lac, méditant, faisant du yoga en son sein, mais aussi collectivement à travers des randonnées avec divers publics, où j’ai pu avoir des moments de dépassement de moi lorsque les randonnées étaient plus compliquées en raison de terrains divers, mais aussi un partage du temps entre une reflexivité et une respiration personnelle et des échanges avec les autres participants.

Garder ses distances au travail

En France, j’avais du mal à mettre des distances professionnelles avec les enfants avec lesquels je travaillais. Etant très empathique, j’avais du mal à prendre de la distance par rapport à leurs difficultés et m’impliquait trop ce qui me mettait bien entendu en difficulté tant physique que psychologique. Ici, sûrement aidée par la distance liée à la barrière linguistique, j’ai réussi à prendre cette distance. Au départ, cela m’a surprise et même un peu effrayée car je n’y étais pas habituée et que je me sentais froide et trop distante par rapport à mes habitudes. Puis j’ai réalisé que j’avais simplement pris des distances pour me protéger, sans que ce soit un processus véritablement conscient mais qui me permet de mieux travailler et d’être plus sereine sachant que le volontariat apporte déjà beaucoup de variations émotionnelles de par sa richesse ; il était nécessaire de ne pas être en plus polluée par une trop grande proximité émotionnelle avec les jeunes. Je suis contente d’avoir réussi cela et espère pouvoir réutiliser cela en France.

 

Retrouvez le premier épisode de la saison 2 ici et le deuxième .

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