Elections européennes : bilan et perspectives
Quelques jours après les élections européennes, nous vous proposons une petite analyse de la participation des citoyen.ne.s européen.ne.s et des résultats du scrutin. Nous vous donnons également toutes les informations sur la suite du processus post-électoral.
La participation française dépasse pour la 1ère fois la moyenne européenne
En France, la participation électorale s'élève à 51,49 %, soit le plus haut taux de participation à un scrutin européen depuis 1994 et pour la première fois une mobilisation dépassant la moyenne européenne établie à 50,93%. Si ce taux de participation reste moyen, on peut se réjouir de ce regain d’intérêt des électeurs français pour les élections européennes, qui confirme la tendance à la hausse déjà observée en 2019, alors même que la participation aux scrutins locaux et nationaux décline depuis plusieurs années.
Les pays avec le taux de participation le plus élevé sont la Belgique et le Luxembourg avec près de 90% et 82%, respectivement. Cette participation importante s’explique par le fait que le vote est obligatoire dans ces pays et que le manquement à son devoir citoyen peut entraîner des sanctions financières. Cela est théoriquement le cas en Bulgarie aussi, cependant aucune sanction n'est prévue pour les contrevenants et le pays se classe donc au 25è rang (sur 27) avec un taux de participation de 31,80 % en 2024. Le pays devance seulement la Lituanie (28,35 %) et la Croatie (21,34%). Les sept derniers Etats membres du classement sont d’ailleurs tous issus d’Europe centrale et orientale.
La composition du parlement européen et le déroulement post-électorale
Les groupes parlementaires européens ayant gagné des sièges se trouvent à droite de l’échiquier politique. Ces résultats confirment globalement ce qu’annonçaient les sondages, bien que la percée de l’extrême droite soit finalement un peu moins importante que prévue et que l'on observe à l'échelle européenne une forme de stabilité. En revanche, les partis ayant perdu le plus de sièges sont les Verts (de 74 à 53) et les Libéraux (de 108 à 79). Si l’on peut s’attendre à une nouvelle entente entre les groupes PPE (conservateurs), S&D (socialistes), Renew (centriste) et Verts, il n’est pas exclu que les négociations des prochaines semaines entre familles politiques donnent lieu à quelques surprises.
Du 16 au 19 juillet, durant la première session plénière constitutive du nouveau Parlement, les eurodéputés éliront leur nouveau président, leurs vice-présidents et leurs questeurs (responsables des questions administratives et financières). Ils décideront également du nombre de députés siégeant dans chaque commission parlementaire.
Vous pouvez suivre les résultats ici ➡️ https://results.elections.europa.eu/fr/.
Vous pouvez suivre toute l’actualité européenne ici ➡️ https://www.touteleurope.eu/.
La distribution des "top jobs"
Tous les cinq ans, les mandats de plusieurs grands institutions européennes prennent fin. C'est donc le moment de discuter sur l'attribution de ces "top jobs" entre les chefs d'Etat et de gouvernements des 27 pays membres réunis en Conseil européen les 27 et 28 juillet, tout en prennant en compte les résultats des élections, l'origine géographique ainsi que le sexe des candidats.
L’actuelle présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen pourrait bien se succéder à elle-même car sa famille politique, le Parti populaire européen (PPE, conservateurs), est arrivée à nouveau en tête du scrutin. Pourtant, sa nomination devra encore être approuvée par le Parlement en septembre, or certains eurodéputés conservateurs pourraient s'y opposer en raison de désaccords sur le Pacte Vert, par exemple. En 2019, Ursula von der Leyen n'avait été élue qu’à neuf voix près... Par la suite, chaque pays proposera son candidat pour rejoindre la nouvelle cohorte de commissaires. Chacun d’entre eux sera également auditionné, et leur nomination soumise au vote du Parlement
Puisque l’actuel président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, ne pourra plus prolonger son mandat, l'ancien Premier ministre social-démocrate du Portugal, António Costa est présenti pour représentersa famille politique arrivée deuxième aux élections. Le nom de Mario Draghi, ex-président de la Banque centrale européenne et ex-Premier ministre italien, ferait également partie des personnes considérées pour ce poste.
Du côté du Parlement européen, sa présidente actuelle, la Maltaise Roberta Metsola (PPE), pourrait être reconduite pour un mandat de deux ans et demi. La victoire de sa famille politique aux élections conforte en effet sa position.
Enfin, la Première ministre estonienne Kaja Kallas pourrait devenir la Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Elle s’est faite remarquer en particulier pour son rôle dans le soutien à Kiev en proposant un programme d’achats et de livraisons de munitions en commun. Elle appartient par ailleurs à la famille centriste, 3ème force au Parlement. Il subsiste néanmoins une incertitude quant à la répartition des nouveaux eurodéputés n'ayant pas encore rejoint de groupe politique, et qui pourrait bien permettre au groupe CRE (Conservateurs et Réformistes) de dépasser Renew en nombre de sièges.
Impacts des élections européennes en France
Le Rassemblement National a obtenu le plus de voix avec 31,37% et 30 des 81 sièges attribués à la France. C’est le meilleur score du parti pour une élection nationale, hors second tour. En revanche, la coalition centriste autour de Renaissance a obtenu moitié moins de suffrages et n’aura que 13 sièges au sein du groupe Renew. La coalition PS/Place Publique a acquis environ 13% des voix et LFI près de 10% des voix.
Tirant les conséquences de ses résultats, le Président Emmanuel Macron a annoncé dans la soirée du 9 juin la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale. Il a également déclaré la convocation de nouvelles élections législatives, prévues pour les 30 juin et 7 juillet. Selon la capacité du parti présidentiel à s'allier à d'autres formations politiques ou non, une période de cohabitation n'est pas à exclure pour la première fois depuis 2002. En cas d'arrivée du RN à Matignon, les répercussions sur l'UE et notamment sur les équilibres au sein du Conseil européen et du Conseil des ministres pourraient être considérables.
📢📢 On ne peut plus s’inscrire sur les listes électorales mais normalement, vous êtes admis à voter si vous avez déjà voté une fois pour une élection nationale. 📢📢